Les
ariégeois de Ladern-sur-Lauquet |
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Comme on l'a vu lors de précédents articles, la famille maternelle d'Agnès, les Bonnel (et aussi les Amouroux) est originaire de l'Ariège. J'ai essayé de reconstituer une chronologie de cette "invasion" ariégeoise, en me basant surtout sur les recensements de 1891, 1911, 1921, 1926 et 1931 de Ladern, ainsi que les listes électorales. Il me faudrait aussi jeter un oeil au cadastre pour affiner encore.
1891-1911 / Le premier Ariégeois Au recensement de 1891 de Ladern-sur-Lauquet, aucun ancêtre d'Agnès ne vit à Ladern. Par contre, j'ai trouvé sur les listes électorales de 1898 la présence de Julien BLAZY FOURETTES, né en 1861 à Saurat, Ariège. Comme vu dans un précédent article, Saurat est un village montagnard de l'Ariège dont sont originaires les ancêtres BONNEL, MAURY et BLAZY d'Agnès. Une grande partie des hommes de Saurat étaient charbonniers et alimentaient en charbon de bois l'industrie métallurgique fortement implantée en Ariège. Mais peu à peu, les forges et les fonderies privilégient le charbon au charbon de bois, forçant de nombreux charbonniers à exercer leur métier ailleurs ou à devenir agriculteurs. Julien BLAZY, lui aussi était charbonnier quand il a épousé Jeanneton MAURY CARAIL en 1881. Quand il apparaît sur le recensement de Ladern en 1911, il est cultivateur et est domicilié rue Longue. Il y vit avec son épouse de Jeanneton et ses beaux-parents Bernard MAURY CARAIL et Mariette BLAZY FOURETTES. Bernard et Mariette sont les grands-parents maternel de Lucien BONNEL, arrière grand-père d'Agnès. Jeanneton MAURY CARAIL est donc une tante maternelle de Lucien, la soeur de sa mère Marie MAURY CARAIL.
Le couple Julien BLAZY et Jeanneton MAURY héberge aussi leur nièce Marie SILVESTRE, fille d'une autre soeur de Jeanneton, Virginie MAURY CARAIL. Marie SILVESTRE est une cousine germaine de Lucien BONNEL, ils se marieront pourtant en 1919. Pourquoi Marie SILVESTRE vit-elle chez ses oncle et tante et pas avec ses parents qui habitent à quelques kilomètres de là, à Saint-Hilaire ? C'est encore un mystère, mais cela rappelle le fait que la soeur de Lucien BONNEL, Virginie, vivait aussi chez ses oncles et tantes à Celles. On sait que ce n'était pas une adoption, car Marie SILVESTRE est bien notée fille de Pierre SILVESTRE et de Virginie MAURY CARAIL sur son acte de mariage. Peut-être que le couple n'a jamais eu d'enfants (en tout cas je n'en ai pas trouvé dans l'état civil de Saurat) et il arrivait à l'époque que des fratries se confient les enfants les uns aux autres, c'était peut-être chez eux une tradition familiale. Voici un bout d'arbre généalogique pour comprendre les différents liens de parenté.
1911-1921 / L'arrivée des BONNEL
Le 11 avril 1919, un autre ariègeois de Saurat, Ferdinand BLAZY, vient vivre à Ladern et est ajouté aux listes électorales. On le retrouve sur le recensement de 1921, célibataire, domestique chez Ignace RAYNAUD, il a 36 ans. Ferdinand est le père d'André BLAZY, qui vit encore à Ladern. Julien BLAZY est son oncle. André se souvient de tante Jeanneton, la femme de Julien, et confirme que son père Ferdinand était charbonnier avant de venir vivre à Ladern. Ferdinand revient de la Grande Guerre, il a servi d'août 1914 à mars 1917 dans le 23° régiment d'artillerie, puis dans le 227° régiment d'artillerie jusqu'à la fin de la guerre. Vient-il à Ladern car il y a de la famille (son oncle Julien), du travail, les deux ? Comme d'autres villages, Ladern peut manquer de main d'oeuvre après les décès de ses jeunes pendant la guerre. Julien BLAZY décède en décembre 1917, quelques années après ses beaux-parents Bernard MAURY (en 1912) et Mariette BALZY (1913). En septembre 1919, Lucien BONNEL, lui aussi né à Saurat, revient à la vie civile et vient habiter à Ladern, peut-être chez sa tante Jeanneton MAURY CARAIL désormais veuve de Julien BLAZY. J'essaierai de retracer ses années de guerre dans un prochain article. Il est inscrit sur les listes électorales en octobre. Lui aussi était ouvrier charbonnier avant 1914, à Corbières notamment, il est maintenant propriétaire cultivateur. A-t'il bénéficié d'un héritage de Julien BLAZY, décédé peut-être sans enfant ? Est-il venu à Ladern afin d'épouser Marie SILVESTRE ? Il me faudra creuser cette question.
Il y épouse sa cousine Marie SILVESTRE en décembre. Au recensement de 1921, il vit rue Longue avec son épouse Marie, leur fils Henri né en 1920 (le grand-père maternel d'Agnès) et leur "tante Jeanneton" MAURY CARAIL, qui a 60 ans en 1921. Comme Jeanne est la soeur de la mère de Lucien BONNEL (Marie MAURY CARAIL) et de celle de Marie SILVESTRE (Virginie MAURY CARAIL), elle est la tante maternelle à tous les deux ! En 1922, Lucien devient propriétaire de la maison de son oncle Julien.
1921-1926 / Encore des Ariégeois de Saurat ! En 1924, Ferdinand BLAZY a épousé une ladernoise de souche, Léonie ROUSSET. Ils ont un fils et vivent chez les parents de Léonie avec ses deux frères, quartier du château. Il travaille comme ouvrier agricole chez Jeanjean, de même que ses deux beaux-frères. C'est aussi dans cette période que la mère de Lucien BONNEL, Marie MAURY CARAIL, s'installe à Ladern rue Longue (donc près de son fils) avec ses deux fils Adrien (22 ans en 1926) et Cyprien MARROT (15 ans). Marie est de nouveau veuve, son second mari Baptiste MARROT est décédé entre 1911 et 1926, mais je n'ai pas encore déterminé la date ni le lieu de son décès. Adrien et Cyprien MARROT sont ainsi des demi-frères de Lucien BONNEL, ils ont vécu plusieurs années ensemble, à Corbières par exemple en 1911, et peut-être à Saurat auparavant. Adrien est né à Saurat en 1905 et Cyprien à Corbières. Aucun d'eux ne perpétue le métier de charbonnier, mais sont ouvriers agricoles chez les ROCALVE.
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1926-1931 / Il ne manquait plus que les AMOUROUX ! En 1931, Ferdinand BLAZY est chef de famille avec sa femme Léonie et ses deux fils André et Albert. Il est désormais propriétaire (notamment de la maison de son beau-père depuis 1929) et héberge ses beaux-parents et un des ses beaux-frères. Adrien MARROT est inscrit sur les listes électorales depuis 1928 et il a épousé en juillet 1919 Jeanne CALLABAT, dont la famille est depuis longtemps implantée à Ladern. Ils vivent quartier de la place. Sa mère Marie MAURY CARAIL et son frère Cyprien MARROT ne vivent plus à Ladern, ils seraient peut-être partis vivre à Toulouse. En 1928, Jean AMOUROUX arrive à Ladern avec son épouse Pauline PLEINCHANT et ses deux filles Marie-Jeanne (8 ans) et Rosette (âgée de quelques mois à peine). Il est chauffeur de bus, c'est l'arrière grand-père d'Agnès. Sur la photo de classe ci-dessous, prise à l'école de Ladern vers 1931, j'ai entouré les futurs grands-parents d'Agnès : Marie-Jeanne AMOUROUX et Henri BONNEL ! Vu leur position dans les rangs, difficile de penser qu'ils se tenaient déjà par la main !
Sur le recensement de 1931, la famille AMOUROUX loue une maison "quartier du château", vraisemblablement sur la rive du Lauquet. Si Jean est né dans l'Aude, à Aragon en 1888, ses parents sont originaires... de l'Ariège eux aussi ! Ils viennent de Saint-Quentin-la-Tour et les villages des environs.
Il me reste encore quelques points à éclaircir et je reviendrai compléter cet article quand j'aurai du nouveau. L'arrivée de ces nombreux ariégeois de Saurat ne peut relever simplement du hasard. Cela rappelle ces regroupements familiaux que l'on a pu voir de tout temps : une personne part travailler dans une autre région et fait venir ses connaissances (souvent sa famille) quand une possibilité d'emploi se présente. Je vais aussi m'intéresser au parcours de Lucien BONNEL après le décès de son père et pendant la guerre de 1914-1918 dans de prochains articles... |
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