Le Tarn-et-Garonne est le département où l'Aveyron se jette dans le Tarn, près du village d'Albefeuille-Lagarde. J'ai trouvé plusieurs fois dans ma famille des références à cette rivière : cette page ne va pas être particulièrement gaie et je ne m'explique pas vraiment pourquoi cette idée d'article m'est venue et me trotte dans la tête depuis un moment... Je me suis aperçu que toutes ces histoires impliquent les descendants du couple Guillaume GAYRAD et Jeanne CAPELET.

Sur la carte de Cassini ci-dessous, datant d'environ 1800, on voit parfaitement les deux rivières : l'Aveyron arrive du Nord-Est et traverse la carte d'Est en Ouest pour se jeter dans le Tarn entre Villemade et Meauzac. Le Tarn arrive du Sud et arrose Montauban. Il traverse ensuite la carte en diagonale et en sort au Nord-Ouest. Plus à l'ouest, en dehors de cette carte, il rejoint la Garonne près de Moissac.

L'Aveyron et le Tarn sur la carte de Cassini

La noyade de Jean GAYRARD à Ardus

Jean GAYRARD est mon SOSA n°404, c'est-à-dire un ancêtre direct de ma 9ème génération.
Sa petite-fille Marguerite GAYRAL (l'orthographe du nom a évolué) épouse en 1838 Jean MONTAGUT. Leur petite-fille Jenny MONTAGUT épouse mon arrière grand-père Géraud CONSTANS en 1885.
Jean est le fils de Guillaume GAYRARD et de Jeanne CAPELET (nés vraisemblablement tous les deux vers 1700). Jeanne est décédée le 15 mai 1772 à Lamothe-Capdeville, dans la paroisse d'Ardus, au lieu-dit Escudié. Elle était alors veuve (Guillaume est peut-être décédé le 20 octobre 1749 à Escudié).
En 1775, Jean GAYRARD travaille à Ardus comme domestique chez un certain M. CONSTANS, il n'a donc plus ses parents comme je l'ai dit. Il épouse Marie BESOMBES le 27 juin (ses parents aussi sont décédés).
Ils ont un premier fils, Jacques (mon SOSA n°202), né le 8 juillet 1776 dans la paroisse d'Ardus.
Alors que Marie BESOMBES attend leur deuxième enfant, son époux Jean décède en juin 1777 :

L'acte de sépulture de Jean GAIRARD dans la paroisse d'Ardus (commune actuelle de Lamothe-Capdeville)

"Jean Gairard âgé d'environ 37 ans, domestique de Monsieur Constans étant allé abreuver une jument et l'eau étant grosse et rapide se noya dans l'Aveyron et mourut le sept juin 1777 et fut enterré le lendemain dans le cimetière du présent lieu en présence de Pierre et de Gaspard Delfour carrillons".

L'Aveyron est connue pour son débit très irrégulier, Jean GAYRARD en fut la victime.
Quand Jean Baptiste GAYRARD nait le 5 décembre 1777, il est orphelin de père.

Si j'évoque ici la tragique histoire de cette famille, c'est aussi pour souligner la rareté d'un tel acte de sépulture : il n'était pas du tout habituel que les curés indiquassent les circonstances du décès sur leurs registres. Dans l'état-civil, la neutralité administrative interdit de mentionner la cause du décès et la religion du décédé. Ceci notamment pour éviter de mentionner des morts que l'on pourrait considérer comme infamantes (exécution, suicide...) ou même risibles.

Guillaume GAYRARD et Jeanne CAPELET

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Jean GAYRARD et Marie BESOMBES

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Jacques GAYRAL et Catherine DELFAU

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Marguerite GAYRAL épouse de Jean MONTAGUT

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Jean MONTAGUT époux de Brathélémie CORRECH

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Géraud CONSTANS époux de Jenny MONTAGUT

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Pierre CONSTANS époux de Julie ROUCHY

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Etienne CONSTANS époux d'Eva DESCAZEAUX

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Claudine CONSTANS épouse de Georges MONIE

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Christophe MONIE époux d'Agnès SOFFIATI

Le sauvetage de Poulote à la jonction

D'après mon oncle Yves CONSTANS, mon arrière grand-père Pierre CONSTANS racontait que son propre grand-père, Pierre CONSTANS avait une petite jument appelée Poulote.
Il était allé la faire boire à la jonction de l'Aveyron et du Tarn et elle tirait de plus en plus sur sa corde, au point qu'elle est tombée dans l'eau. Elle commença alors à se noyer et réussit finalement à se sortir de l'eau.

C'est la seule histoire sur Pierre CONSTANS qui ait réussi à traverser les générations jusqu'à moi, je vous la livre telle que je l'ai entendue, elle n'est peut-être jamais arrivée, ou en tout cas pas à mon aïeul Pierre... Au moins, celle-ci a une fin heureuse !

J'en profite pour vous rappeler le poème de Jean CASTELA "Fosso Binado" qui, pensait-on, parlait d'une de mes ancêtres CONSTANS : lire l'article.

Le décès de ma grand-mère au gué de Piquecos

Le vendredi 18 mars 1955, ma grand-mère maternelle Eva DESCAZEAUX, épouse d'Etienne CONSTANS, est partie en vélo sarcler leur petit champ bordant l'Aveyron. S'inquiétant de ne pas la voir revenir, la famille est allée la chercher et a trouvé le vélo garé au bord du champ. Je ne sais pas si ce sont les pompiers ou un voisin qui ont découvert le corps de ma grand-mère, dans la rivière, au bord du champ.

Le docteur aurait affirmé que ses poumons n'étaient pas remplis d'eau, en déduisant qu'elle ne s'était pas noyée. On pense qu'elle serait allée au bord de l'eau pour se laver les mains et qu'elle aurait eu un grave malaise et serait décédée avant de tomber à la rivière, à une petite distance en amont du gué de Piquecos. Eva, 44 ans, laissait un mari et trois enfants, dont ma mère âgée seulement de dix ans. Je compte rechercher lors de ma prochaine visite aux Archives Départementales de Montauban si des articles de la presse locale ont pu évoquer ce "fait divers". Les membres de ma famille n'ont jamais aimé évoqué ces tristes évènements, d'où l'emploi du conditionnel dans la plupart de ces phrases... Je compte consulter de vieux exemplaires de La Dépêche du Midi aux Archives de Montauban pour y rechercher un article de presse.

C'est ma tante Juliette qui allait faire office de maman et de femme au foyer pendant les sept ans à venir. Ma mère prendra le relais des tâches quotidiennes après le mariage de Juliette, tout en réussissant à obtenir son baccalauréat.

Dans l'histoire de l'humanité, les rivières ont toujours eu une grande influence sur les populations. Dans une moindre mesure, j'ai donc quelques exemples concrets de l'influence de l'Aveyron sur certains de mes ancêtres, mais si ce sont parfois des histoires dramatiques.